O DIEU AIE PITIE !

Dimbokro le 13 Novembre 2013

   Etant arrivée à Dimbokro, ville située à 260 kms d'Abidjan en Côte d'Ivoire, je décidais tout récemment d'ouvrir un compte  bancaire, et prit donc rendez vous avec l'un des conseillers financiers d'une banque ici. Le Monsieur m'accueillit très chaleureusement, selon la coutume ici. En effet, l'Ivoirien est réputé pour son hospitalité, son "Akwaba" (bienvenue) toujours très chaleureux ! Après que nous ayons quelque peu discuté sur les raisons missionnaires de ma venue à Dimbokro, en même temps que je lui expliquais l'objet de ma visite, soudain le regard de cet homme s'arrêta sur moi, rempli d'une grande tristesse. Après quelques instants de silence, et avec beaucoup de douceur et dans un profond soupir, il me dit, "Madame, la France m'a fait beaucoup de mal" ! Je lui répondis, "Oui, Monsieur, je sais", en pensant dans mon coeur à l'horrible guerre que l'armée française avait récemment livrée dans ce pays agonisant de plus de 10 années de crise, d'exactions en tous genres, et provoquant encore des milliers de morts. Puis il me dit, dans une expression de douleur : "Il y a un mois j'ai perdu ma petite fille, mon unique, et elle avait 18 mois, elle était atteinte de leucémie, et j'ai demandé qu'elle soit opérée et soignée en France. J'ai sollicité l'intervention de chirurgiens, de professeurs. J'avais l'argent pour payer ! Avec toutes mes économies, et ma banque me prêtant aussi, solidaire de notre épreuve, j'avais réussi à réunir 20miliions de CFA ( 30.000€). Seulement voilà, ILS ONT REFUSE, la France a dit NON ! En désespoir de cause, nous avons ensuite cherché en Tunisie, mais lorsque nous sommes arrivés, c'était trop tard !! A peine arrivée, la petite est morte après des heures de souffrance, et ce jeune papa ne comprenait pas pourquoi Dieu n'avait pas repris sa petite fille plutôt  dans son sommeil ? Heureusement, le Seigneur était vraiment présent à ce moment là, et je recevais de LUI des paroles de consolation, de guérison, d'encouragement, mais aussi des révélations de la part du Seigneur qui lui expliquaient pourquoi une telle épreuve. Je lui demandais pardon pour mon pays et demandais aussi pardon au Seigneur.. et pour terminer je priais pour lui, là dans ce bureau de la banque, et c'était comme un moment d'éternité, alors que derrière la porte, la salle d'attente s'était complètement remplie !

    Une fois de plus, je me retrouvais confrontée à l'injustice vécue par ce peuple ! Le brisement du coeur de ce papa séparé de son unique fillette, et son regard aussi doux que triste brise encore le mien ! Jusques à quand allons nous humilier ces âmes ? Jusques à quand allons nous continuer à les blesser, les mépriser ? Même certains missionnaires ou pasteurs viennent ici avec un esprit supérieur et des paroles blessantes ! Que de blessures, de plaies toujours ouvertes par la méchanceté de tous ceux qui se croient supérieurs aux autres !

    Veuille notre Dieu susciter encore et dans Sa grâce de véritables repentances ! Et tout particulièrement dans le coeur de cette nation Française qui ne cesse d'augmenter sa dette à l'égard de ces peuples Africains, comme si les temps d'esclavage et de colonisation n'étaient pas déjà suffisants !

    Nous voulons le réveil, nous soupirons encore égoïstement pour nos "clochers".. Mais quand comprendrons-nous vraiment que c'est Si Son peuple sur lequel est invoqué Son nom, s'humilie, se repend sincèrement, qu'Il fait la promesse de nous visiter, nous guérir ! Une vraie repentance conduit à la réparation, à la restitution ! Alors suivront la  réconciliation, la guérison, la restauration !

    O Dieu veuille répandre Ton Esprit de grâce et de supplication afin que nous revenions à toi, le coeur sincère, repentant et contrit !

     O Dieu ! Aide moi à être un instrument d'amour et de réconciliation, alors que tu m'as conduite ici, à vivre avec ce peuple de Côte d'Ivoire, tellement blessé et bafoué dans sa dignité à cause de ma nation !

    Que viennent des temps de rafraichissement !

    Qu'un jour nouveau se lève et que nous redistribuions leur héritage aux pauvres et aux malheureux !